Faim Comment distinguer, retrouver la vraie faim?

Souvent on mange non pas parce qu’on a faim, mais pour d’autres raisons.


La faim est faussée par notre histoire

Nos ancêtres ont manqué de nourriture : «Finis ton assiette, on ne va pas gaspiller de nourriture.» Nos grands parents ont perdu de leurs enfants en bas âge : «Mange, il faut que tu prennes des forces.» Nos parents ont connu la guerre, la dépression économique, le rationnement : «Ne gaspille pas.» Nous sommes restés marqués par la crainte de ne pas manger à notre faim : «Qu’est-ce qu’on mange ? À quelle heure on mange ?»

 

La faim est faussée par notre éducation

On mange pour obtenir une récompense : « Mange tes légumes si tu veux avoir du dessert.» On mange pour éviter une punition : «Si tu ne manges pas ça, tu n’auras pas autre chose.» On mange suite à du chantage : «Je n’ai pas préparé ça pour rien; alors, mange » «Une bouchée pour maman, une bouchée pour papa… » On mange sous la menace : «Si tu manges pas, tu verras pas tes amis dimanche » On mange par obligation, par habitude, par routine : «C’est l’heure de manger » Une expérience : on a faussé l’horloge qui avançait deux fois plus vite que la normale. La plupart des personnes se sont levées au faux midi pour aller manger. Certains, habitués à suivre les signes de leur corps, ont continué à travailler jusqu’à ce que la faim leur vienne naturellement.

La faim est faussée par notre culture

Les nombreux régimes connus classent les aliments en ‘’permis’’ et ‘’défendus’’. Alors on consomme trop de chaque catégorie :

 

  •  On s’efforce de manger beaucoup d’aliments permis.
  •  On lutte inefficacement contre les aliments défendus.

Les prescriptions faussent la faim.

 

  • On s’efforce de manger les aliments permis ou recommandés.
  • Et on risque d’en manger plus qu’on en a vraiment faim «Il faut que je mange mes 5 fruits et mes 5 légumes par jour »

Les interdits faussent la faim.

 

  • Plus un fruit est déclaré défendu, plus on risque d’en faire une obsession.
  • Alors, plus on risque d’en manger et plus on croit qu’on a vraiment faim «Depuis que je suis ce régime je suis devenue obsédée par le gras et, après deux semaines de ce régime, je suis entrée dans une boucherie et je me suis acheté du pâté de foie gras, chose que je ne mange habituellement pas.» «Depuis que je suis ce régime je suis devenue obsédée par le sucre et, après deux semaines de ce régime, je suis entrée dans une boulangerie et je me suis acheté des choux à la crème, chose que je ne mange habituellement pas.»

Les tensions psychologiques faussent la faim.

Une nouvelle névrose a fait son apparition, l’orthorexie, l’obsession du bien manger. On reconnaît cette tension psychologique aux expressions : «Il faut que je mange…» «Il ne faut pas que je mange…» «Il faut que je mange… pour la vitamine… et… pour mon calcium.» «Il faut que je mange des protéines ce soir, je n’en ai pas pris ce midi.»

Souvent le repas est pris sous tension : discussions d’affaires, conflits conjugaux ou familiaux sont au menu. Les propos désagréables au sujet de ce que la personne mange ou concernant d’autres sujets créent des tensions qui affectent la sécrétion de la salive et autres mouvements de la digestion. «Tu ne devrais pas manger ça; ça fait grossir » «Mange ça; ça va te faire du bien » La publicité, notamment à la télévision et dans les magazines, incite à manger. Cela augmente la réaction de manger ce qui se présente sous nos yeux. Les ritournelles, les vedettes, les plats fumants et colorés, l’ambiance joyeuse des figurants, tout cela nous incite à manger cet aliment, au plus tôt, faim ou pas. «Chez Katie’s : Bon, à s’en lécher les doigts »

La fausse faim est aussi souvent une compensation pour d’autres besoins physiques et psychologiques non satisfaits : besoin de stimulation, de mouvement, d’activation, de sensation, de toucher, etc. Les psychanalystes soulignent souvent que la frustration sexuelle peut être à l’origine de troubles physiques et psychologiques légers ou graves mais persistants.

Certains psychanalystes ont mis en relief des déviations plus répandues et plus profondes suite au contrôle imposé à la faim naturelle. La faim réprimée ou contrôlée aurait notamment un effet déformant sur nos tendances agressives. L’acte de manger contient une certaine agressivité, un geste d’appropriation. S’il est brimé ou encadré par l’éducation, il peut donner lieu à une répression de l’agressivité naturelle saine ou à l’exacerbation exagéré de l’affirmation de soi. En bref, on mange pour toutes sortes de raisons sociales, culturelles, éducatives… Or, la seule raison valable pour manger, c’est : « J’ai faim de ça maintenant »

La faim véritable consiste à manger pour une simple et unique raison : notre corps en a besoin. La vraie faim est illustrée par le bébé naissant, qui tète vigoureusement dans les minutes qui suivent sa naissance si on lui donne l’occasion de prendre le sein. Observons-le. Le bébé est actif; il cherche, il a le réflexe de trouver le sein; il tète vigoureusement et avec entrain tant et aussi longtemps qu’il en a besoin; puis il se repose. Il se nourrit parce que son corps en a besoin; c’est d’ailleurs un des motifs qui le pousse à naître; il a besoin d’une nouvelle nourriture pour grandir et entretenir ses fonctions vitales.

La vraie faim est physiologique : elle est dirigée par le cerveau, qui analyse constamment les besoins du corps en différents nutriments et déclenche la salive; on a alors l’eau à la bouche. Elle n’est pas déclenchée par le fait que l’estomac soit vide. L’estomac est normalement silencieux. Les fringales engendrées par un estomac douloureux entraînent souvent de manger de plus en plus des aliments qui calment ce malaise mais ne nourrissent pas. Par exemple, plusieurs prennent du lait pour calmer leur ulcère, qui ainsi ne guérit pas. Application : Se fier aux signes perçus dans la bouche. Calmer autrement les malaises de l’estomac, par exemple avec une boisson chaude.

La vraie faim est sensorielle. Le corps met en action la vue, l’odorat, le toucher et le goût pour choisir, prendre et s’approprier sa nourriture. Application : Prêter attention aux signes sensibles indicateurs de faim. Se fier à ses sens plus qu’à ses idées pour déterminer sa faim.

 

La vraie faim est autonome : on n’a pas besoin de la stimuler ou de la réprimer; elle est une action du corps qui veut survivre, vivre, s’activer. Application : Laisser la faim agir. Inutile d’ajouter maints condiments et épices pour ajouter du goût. Éviter de cajoler, menacer ou supplier les enfants pour qu’ils mangent; respecter leurs signes de faim et les inviter à observer leurs propres signes corporels. Répondre aux demandes de nourriture des enfants plutôt que leur imposer de manger quand on le décide pour eux. Laisser le mouvement provenir du corps de l’enfant.

La vraie faim est active. On sent un regain d’énergie. On est disposé à faire un certain effort pour trouver et prendre sa nourriture. Application : Distinguer le besoin de repos, quand on se sent alangui et le besoin de manger, quand on se sent activé.

La vraie faim est agréable. Dès qu’elle est déclenchée et tant qu’elle n’est pas satisfaite, la faim procure une sensation agréable. Les aliments recherchés sentent bon, goûtent bon, font du bien. Application : Quand un aliment devient insipide ou désagréable au goût, c’est le signe que le corps n’en a plus besoin. Respecter ce signe de satiété.

La vraie faim est spécifique. Quand on a faim le corps a besoin de nutriments particuliers. Quand il a besoin de protéines, des glucides ne le satisferont pas, même si on en mange de grandes quantités. Application : Observer les signes de faim spécifique; se poser des questions telles que : Ai-je envie de :

 

  • Liquide ou solide?
  • Acide ou alcalin ?
  • Croustillant ou onctueux ?
  • Sucré ou salé ?

Déterminer sa faim avant de regarder le menu : trouver d’abord ce dont on a besoin, trouver ensuite les aliments qui correspondent à cette faim.

La vraie faim est énergétique : le besoin d’aliments sert à compenser les dépenses d’énergies (glucose, vitamines, minéraux, etc.) et un peu à emmagasiner des réserves pour la saison à venir. Application : Ne pas manger pour faire des réserves pour l’activité à venir.

 

La vraie faim est persistante. Tant que le corps n’a pas obtenu les nutriments qu’il réclame, il émet des signaux d’appel pour retrouver son équilibre. Application : Attendre un moment peut permettre de confirmer qu’on a faim. Attendre trop longtemps peut susciter des inconforts qui ne sont pas favorables à l’expression et à la satisfaction de la faim.


Terminons avec ces paroles de sages

Une personne franchit des milliers de kilomètres pour rencontrer un grand sage.


«Maître, quel est le secret de la sagesse ? »
«Manger quand on a faim, dormir quand on a sommeil. »

Sept ans plus tard, la personne revient, confirme qu’elle a appliqué assidûment ce précepte, puis demande :

«Maître, quel est le secret de la transformation ? »
«Quand tu manges, mange, quand tu dors, dors. »

«Mange du mieux que tu peux. Puis n’y pense plus.»
S
helton

 

Fausse faim ou appétit
Vraie faim
Disparaît en peu de temps.
Persiste.
Se perçoit souvent dans l’estomac.
Se ressent dans la bouche.
Sensation désagréable: estomac noué, mal de tête, etc.
Sensation agréable, semblable à la soif »; esprit clair.
La personne se sent faible, incapable de se concentrer, de fournir un effort.
La personne se sent « partir » »: elle ne peut rien faire avant d’être nourrie (réserves épuisées).
Habitude ou envie.
Besoin corporel.
Excitée par la vue, l’odeur et la variété des aliments.
Déclenchée par un besoin physiologique, etc.
Exacerbée par les condiments, assaisonnements.
Se satisfait d’aliments simples, se satisfait de peu.
Vient en mangeant.
Diminue en mangeant.
Favorisée par les repas à heure fixe.
Favorisée en mangeant au besoin.
Manger en prévoyant un effort à venir.
Vient après l’effort, quand les réserves sont basses.
Mécanisme manipulé.
Mécanisme autonome.
Provient de l’extérieur.
Provient de l’intérieur.
Déclenchée par l’estomac en malaise.
Déclenchée par le cerveau notant un manque.
Apprise »: conditionnée par la culture et l’éducation.
Innée »: présente dès la naissance.
Vise à combler l’estomac.
Vise à combler un besoin métabolique.
Fondée sur des règles extérieures.
Fondée sur les sensations du corps.
Modifiée par les tensions.
Conservée dans un climat calme.
Sensations de faiblesse.
Sensation d’énergie.

 

Observer et respecter les signes de faim et de satiété


 

Observer les signes corporels de faim et de satiété demande d’y prêter attention et un climat calme.
Faim
Les signes de faim indiquent que le corps a besoin maintenant d’un aliment particulier pour agir.
Satiété

  • Les signes de satiété indiquent que le corps n’en a plus besoin
  • Tant que le corps a besoin d’un aliment, sa vue, son odeur, son goût sont agréables
  • Après un repas approprié, on éprouve un sentiment de satisfaction
  • L’estomac reste léger, dégagé, indolore
  • Manger des aliments trop chauds ou trop froids fausse les perceptions
  • Mastiquer et insaliver suffisamment les aliments permet de les goûter et au cerveau de les enregistrer
  • Manger lentement aide à sentir les signes de satiété
  • Plus un aliment est dans son état naturel, plus facilement le corps peut capter ses signaux
  • Il est peut-être trop tôt pour manger
  • On n’a pas faim si le repas précédent n’est pas digéré
  • Les adultes qui restent naturellement minces observent et respectent leurs signes de faim et de satiété
  • Les signes de satiété peuvent être faussés par certains éléments: température, saveur ajoutée, parfum ajouté, malaise physique, tension psychologique.

 

 

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