Responsabilité face à sa santé

 

Responsabilité face à sa santé
 
Extrait de La pensée qui soigne
Monique Brillon
Éditions de l’Homme, 2006, 256 pages
 
Reconnaître l’influence de facteurs psychiques sur l’état de santé ou de maladie de notre corps, c’est admettre que nous avons une certaine part de « responsabilité » dans le fait d’être ou non en bonne santé. Cette idée nous fait souvent sursauter. Pourquoi? Parce que penser que nous avons une responsabilité dans l’apparition de notre maladie suscite notre culpabilité, ce qui augmente en retour notre anxiété face à la maladie. Et comme nous ignorons la plupart du temps de quoi nous nous sommes rendus coupables, notre malaise n’en est que plus grand.
Si notre psychisme a pu contribuer d’une quelconque façon au développement de notre maladie, c’est à notre insu que cela s’est produit. […] Concevoir que nous sommes pour quelque chose dans l’apparition de la maladie nous afflige, alors que nous ne sommes pas en mesure de comprendre de quelle façon ni d’envisager une manière d’améliorer notre état, est un sentiment très pénible, et la tentation de rejeter cette idée est forte. De plus, cela heurte notre narcissisme et notre besoin de croire que nous contrôlons notre propre vie.
L’idée que nous sommes responsables de notre état de santé est souvent fort mal comprise parce qu’elle est interprétée au niveau de l’intentionnalité consciente. […] Or, les mécanismes psychiques qui interviennent dans le fonctionnement corporel sont fort complexes, ne sont nullement délibérés et échappent la plupart du temps à la conscience de la personne elle-même.
La responsabilité est à distinguer de la culpabilité. Être responsable signifie que tout l’être est impliqué dans l’expérience de la maladie, mais cette implication peut très bien ne pas être consciente, ni volontaire. Au contraire, la culpabilité suppose une intentionnalité délibérée et consciente. Avancer l’idée que des facteurs psychiques sont entrés en jeu dans l’éclosion d’une maladie ne veut pas nécessairement dire qu’ils l’ont « causée ». Cela signifie plutôt que, du point de vue du spécialiste, le développement de cette maladie à ce stade-ci de la vie de son patient peut se comprendre en raison des caractéristiques du fonctionnement psychosomatique propre à ce patient, c’est-à-dire de sa façon personnelle (et inconsciente) de composer avec l’énergie dont il dispose.
 

 

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