Pensée qui soigne

La pensée qui soigne
Monique Brillon
Éditions de l’Homme, 2006, 256 pages, 25 $
 
Notre corps nous parle, mais l’écoutons-nous? N’avons-nous pas tendance à abandonner au médecin l’entière responsabilité de nous soigner? Les dernières recherches en psychosomatique montrent qu’une grande partie des maladies sont de nature à la fois somatique et psychique. Qu’il s’agisse d’un rhume ou d’allergies, d’une dépression ou d’un cancer, presque toutes dépendent de notre condition physique et de notre état psychologique. Or, si le médecin est responsable de notre corps, nous le sommes de notre esprit. Comment aller mieux? De quelle façon soulager notre souffrance? Peut-on prévenir la maladie? Si nous apprivoisons notre pensée et notre imaginaire, ceux-ci peuvent-ils nous aider à soigner notre corps? Être attentif à ses sensations, laisser les émotions émerger à la conscience, prendre le temps de penser et de rêver afin de mettre les mots de l’âme sur les maux du corps : se rapprocher de soi peut nous mettre sur la voie de la guérison.
 
Commentaire
La plupart des gens ne doutent plus de l’impact du psychisme sur le corps et de la possibilité que des émotions destructrices contribuent à l’apparition de maladies, me semble-t-il. Nous pourrions donc être portés à ignorer les premiers chapitres de ce livre (l’être humain est un tout, le cerveau et la pensée) ou même ignorer le livre au complet sous prétexte que l’affaire est classée.
Et puis, comment tirer avantage de ces notions qui demeurent théoriques? Les propos de Monique Brillon peuvent justement nous permettre d’« intégrer » consciemment les messages de notre corps.
Docteure en psychologie qui pratique la psychothérapie de type analytique, l’auteure ne traite pas ici de la pensée que l’on formule, une fois malade, pour chasser les cellules malsaines de notre corps. La « pensée qui soigne » serait plutôt comme les aliments anticancer du Dr Richard Béliveau : un peu tous les jours, pour dissoudre au fur et à mesure toute maladie potentielle, qu’on l’appelle psychosomatique ou pas. « Ce ne sont pas les maladies qui sont ou non psychosomatiques, écrit-elle, mais c’est l’être humain qui est psychosomatique dans son essence, au sens où tous les aspects de sa personne contribuent au maintien de la santé aussi bien qu’à l’apparition, à l’évolution et à la guérison de la maladie. » (p.45)
Il est donc question d’une pensée qui arrive à « métaboliser » la souffrance psychique, formée par les inévitables manques de la petite enfance et constamment alimentée par la mémoire affective. En d’autres mots, il faut mettre en mots et en images cette souffrance pour l’amener à la conscience. Il s’agit de décoder toutes sortes de situations d’impasses émotionnelles, comme un conflit avec l’employeur, et d’imaginer diverses formes de résolution. Évidemment, les mécanismes de défense rendent ce travail d’« élaboration mentale » difficile et complexe. Par conséquent, cela exige du temps et de la disponibilité intérieure, d’autant plus qu’il faut accueillir des émotions que notre sens moral aurait tendance à condamner. Or, penser qu’on voudrait sérieusement gifler quelqu’un ne fait de mal à personne, semble-t-il, au contraire.
Si certaines personnes y parviennent assez facilement, d’autres ont besoin d’un accompagnement psychothérapeutique pour mettre le processus en marche. Dans tous les cas, c’est l’imaginaire qui sert de véhicule. Et l’imaginaire, affirme l’auteure, a besoin d’un entraînement constant, d’où l’intérêt pour tous de pratiquer des activités créatrices, de fréquenter les arts (littérature, cinéma, peinture, etc.), de se confier à quelques proches, de prendre le temps de réfléchir et de rêver… Pas trop mal comme prescription!
Résumée ainsi, l’idée semble un peu simple, mais la réflexion de Monique Brillon est à la fois rigoureuse et vaste, inspirée qu’elle est par Laborit, Cyrulnik, Crombez et d’autres. On l’en remercie, parce que le sujet a été l’objet de plusieurs dérives depuis 20 ans. Merci également de rappeler que personne ne peut présumer du sens d’une maladie qui frappe quelqu’un. Seul l’individu concerné peut y parvenir, car c’est dans son corps à lui que sont inscrits les souvenirs douloureux non représentés.
Malgré ses grandes qualités, l’ouvrage possède un ton didactique qui ennuie par moments. Il faut dire que l’auteure n’a pas cédé à la mode des cas vécus pour illustrer le propos, comme nous y ont habitués bon nombre d’ouvrages scientifiques populaires ces dernières années. Heureusement, l’écriture coule bien.
 
Lucie Dumoulin
 


  

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