Entrevue avec André Passebecq, le naturo qui enseignait à l’université

Actif à 88 ans, enseignant les méthodes naturelles de santé, André Passebecq est l’auteur de 31 livres et de quelques 300 numéros de la revue Vie et action.
Chargé de cours en naturothérapie, à la Faculté de médecine, de l’Université de Bobigny, Paris XIII, il souligne les facteurs psychologiques de la santé.
Chaque été, André Passebecq et son équipe enseigne la santé au naturel dans le cadre enchanteur du sud de la France. Les participants y passent des journées équilibrées ou alternent cours théoriques, exercices physiques, gymnastique oculaire, mise en forme de la posture, promenades en montagne et soirée amicale.
C’est après avoir participé à un mois de formation en Facteurs essentiels de la santé, Naissance naturelle, Communication et relation, Morpho-psychologie, Soins naturels d’urgence, Développement de l’enfant, Développement de la personnalité, etc. que je l’ai interviewé il y a déjà une vingtaine d’années.

Vous enseignez la naturothérapie à des médecins à l’Université, ce qui semble unique au monde. Comment ce programme a-t-il pris naissance?
 Il y a plusieurs années, le doyen de la Faculté de médecine Paris XIII, a lui-même été soulagé par un ostéopathe. Il a alors décidé d’ouvrir un département de médecines expérimentales, dont la naturothérapie.

Dans quel cadre se déroule ce cours?

C’est un complément de formation. Des médecins participent à une formation de base en naturothérapie, en fait, en hygiène naturelle. Ce cours dure trois ans, à raison de 8 week ends par an, et comprend un mémoire de fin d’études.
Ce que nous leur présentons est tout à fait différent de ce qu’on leur a enseigné. On consacre le premier week end à une déprogrammation logique en utilisant la sémantique générale. Après cette introduction, ils sont prêts à aborder une nouvelle approche avec un esprit ouvert.

Ce doyen a été intéressé aux méthodes naturelles suite à une expérience personnelle. J’imagine qu’il en fut de même pour vous.

En effet, à l’âge de vingt-neuf j’étais devenu un mort-vivant suite aux traitements qui m’avaient été infligés pendant trois ans. J’étais assailli à tout moment par des crises de rhu¬matisme, j’avais un ulcère d’estomac proche de la perforation. Au début, j’avais des troubles plutôt bénins, mais ces symptômes ont empiré sévèrement après quelques années de médication.
J’ai eu la chance, à l’époque, de tomber sur un vieux dictionnaire médical qui disait que l’ulcère d’estomac n’était pas grave quand il était soigné par une remise en ordre alimentaire!!! Aussitôt j’ai recherché une clinique où l’on m’apprendrait à réformer mon alimentation. Je l’ai découverte en Angleterre. Il y avait à l’époque en Angleterre une vingtaine de cliniques-écoles. J’ai d’abord fait confiance la clinique et école de naturopathie de Croydon, ou j’ai appris les bases des méthodes naturelles. En trois mois, en jeûnant à plusieurs reprises et en corrigeant mon alimentation, je me suis alors retrouvé en pleine forme.
J’ai alors décidé de poursuivre mes études de naturopathie pendant trois ans dans cette école. Cet enseignement comprenait beaucoup de pratique. En plus de l’enseignement et des examens en groupe on participait à une formation directe avec des patients à voir chaque jour, et pour qui on faisait une étude de cas détaillé. C’était extrêmement formateur, ça nous obligeait à trouver des solutions. Il y avait aussi une énorme bibliothèque à notre disposition.
Puis j’ai fait un stage à Edimbourg, en Écosse chez Thomson qui avait une technique un peu différente. Il employait un jeûne «allégé», de la détente et de l’exercice, une nourriture légère — une ou deux feuilles de laitue, deux ou trois fois par jour, un peu de lait caillé et une demi-pomme mastiqués lentement. On y trouvait une clinique, un jardin, des salles où il enseignait une diététique intelligente. Ensuite je suis allé à Londres à l’école de Stanley Lief, ou j’ai fait un stage de perfectionnement en ostéopathie. Puis j’ai entrepris mes études de psychologie à la St-Andrews University.

 

Quelle fut votre action, une fois revenu en France?
J’ai fondé une association, où nous faisions des conférences, des cours et des stages. Je m’étais rendu compte que ce n’est pas par la consultation mais surtout par l’enseignement qu’on obtient les meilleurs résultats.
J’y ai mis l’accent sur les facteurs psychologiques, car je m’étais rendu compte qu’ils jouent un rôle tellement important dans la santé qu’il fallait les étudier d’une manière approfondie.

 

Vos livres et votre revue traitent des facteurs psychologiques et biologiques de la santé. C’est sans doute ce qui caractérise votre école. Quel est l’essentiel de votre enseignement?

L’essentiel, est d’apprendre que la santé, c’est l’état normal de l’être humain et que les troubles de santé sont des manifestations d’un effort du corps pour se rétablir. Plus on en santé, plus on est capable de faire face aux agressions internes et externes. Le corps se guérit par son travail interne : la fièvre, la transpiration, la fatigue, les urines chargées, etc. sont des signes d’un effort intensif de rétablissement. C’est la pierre angulaire de l’hygiène vitale. En laissant le corps travailler, nous obtenons souvent des résultats spectaculaires sans coûts ni arsenal thérapeutique.

Une fois que vos étudiants ont appris les principes de base de la santé, que doivent-ils apprendre?
Nous enseignons les trois piliers de la santé: alimentation saine, exercice physique et équilibre psychologique. Nous enseignons dans un climat dégagé d’interdits, de sectarisme et de peurs.

Les méthodes naturelles sont souvent vues comme austères et remplies de privations, c’est ce qui explique leur peu d’adeptes.
Certaines méthodes dites naturelles ne sont pas gaies. Les gens se disent «Plutôt que de manger comme eux et vivre quelques années de plus, je préfère manger à mon goût et me faire plaisir!»

Alors à votre école on ne se sacrifie pas?
Non, la nourriture est bien sûr de culture biologique, saine et cuisinée de façon à conserver sa saveur et sa valeur nutritive.

Quel serait votre deuxième pilier de la santé ?
L’équilibre psychologique, d’abord éliminer la peur. Nous enseignons des méthodes de prise de conscience, de résolution des conflits, etc. Nous enseignons aussi des méthodes pour avoir un enfant sain, accoucher sereinement, et pour donner un bon départ à ses enfants dans la vie et l’amener à devenir un agent positif de la vie sociale. Ces cours sont dispensés par des praticiens compétents et une sage-femme.
La plupart des méthodes dites naturelles ont compliqué les situations en y intégrant des quantités de pratiques superflues. Or, on peut faire beaucoup soi-même pour sa propre santé.

Votre objectif semble de développer l’autonomie.
L’éducation que nous offrons vise à devenir autonome à tous les points de vue! Aux trois piliers nous ajoutons l’environnement, l’habitat, le vêtement sains, et la paix thérapeutique.

Qu’entendez-vous par «paix thérapeutique»?
La paix thérapeutique consiste à enlever tout ce qui incommode, fatigue, épuise l’organisme — traitements, médicaments, etc. — pour permettre au corps de se rétablir. Ces interventions ont un effet premier puis un effet rebond, contraire du premier. Par exemple on prend des somnifères et ensuite on a plus de difficulté à s’endormir.

Ces conceptions ont-elle un écho dans le milieu scientifique ?
Des biologistes très compétents sont venus étudier la naturothérapie à l’université de Paris XIII et ont ensuite réalisé des thèses qui confirment la solidité scientifique de l’hygiène vitale.
Par exemple, dans l’ulcère d’estomac, les cellules de la muqueuse gastrique commencent à se régénérer après seulement douze heures de repos. Le moindre médicament, ou certaines tisanes agressives peuvent empêcher cette régénération. Ce rétablissement se produit en quelques jours de jeûne. C’est démontré.

Et comment réagissent vos médecins étudiants universitaires à ces nouvelles visions?
Environ 5% n’arrivent pas à se libérer de la peur entraînée par leurs études antérieures. Tous les autres comprennent notre approche. 30 à 40% deviennent des naturothérapeutes compétents et convaincus. Les autres emploient encore un peu de médicaments.

Comment démontrez-vous l’efficacité des méthodes naturelles?
Nous en faisons la démonstration. Quand une personne qui ne pouvait plus marcher retrouve l’usage de ses jambes, c’est une démonstration réelle. Quand un architecte, à qui un spécialiste avait délivré un certificat de cécité irréversible retrouve la vue en 8 mois, vient participer à nos stages en conduisant sont auto et reprend sa planche à dessin à l’âge de 70 ans c’est encore une démonstration. Notre laboratoire, ce sont des cas vécus, dont plusieurs déclarés incurable.
Nous connaissons aussi des cas diagnostiqués de cancer qui ont totalement guéri par les méthodes naturelles et même quelques cas de sida. Un homme de 54 ans, dont on parle beaucoup depuis la parution de son livre et qui était atteint d’un cancer du poumon s’en est totalement guéri en parcourant le tour de la France en bicyclette, soit 7,200 km! Il a eu les confirmations médicales de sa guérison, avec radiographie à l’appui. La méthode des cas vécus, c’est un test plus exigeant que tous les examens de laboratoire.

Le corps est plus «curable» qu’on ne l’imagine?
On sait maintenant que des cellules peuvent se régénérer. Et des médecins étudiant la naturothé¬rapie à Bobigny ont entrepris le traitement naturothérapique de cancéreux; dans plusieurs cas, ils ont obtenu des résultats spectaculaires, qui ont été rapportés dans leurs thèses. Ces personnes sont guéries avec excellence : non seulement sont-elles exemptes de symptômes mais pleines d’énergie et en progrès constant.

Votre expérience dégage de l’espoir. Verra-t-on apparaître une nouvelle profession qui appliquerait ces méthodes?
Nous formons des conseillers, des éducateurs de santé. L’éducation à la santé reste la meilleure des préventions et même la meilleure des thérapies. Quand on apprend à être en bonne santé on contribue à édifier une société meilleure. Et je pense que, dans un proche avenir, on verra des groupes et des maisons d’enseignement et de cure, des lieux de stage.

Vous-même, à l’âge où la plupart des gens ont pris leur retraite, vous êtes actif et vous ne semblez pas près d’arrêter!
Je fais une mise à jour constante de notre enseignement en fonction des dernières découvertes de la physiologie et de la psychologie. Nous offrons des stages pratiques, des cours par correspondance, et publions des livres accessible à tous. Il faudrait des milliers de praticiens et d’éducateurs dans les différents pays afin de faire progresser l’hygiène naturelle. C’est une cette tâche essentielle pour l’avenir de l’humanité.
 

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